Chap. 2

IRIS 

Chapitre 2 – Visite surprise

"Merci madame, au revoir !" La porte claqua. Le dernier rendez-vous matinal d'Iris venait de se terminer : Une vieille dame qui vivait mal la vie solitaire, qui montrait des signes de manque et qui avait à peine caché le fait qu'elle ne soit venue que pour des antidépresseurs. Fatiguant. C'est un des gros inconvénients d'être psychiatre en cabinet. Certains patients savent qu'avec cette formation, le docteur peut prescrire des médicaments et ils ne viennent que dans ce but. Bien sur, Iris avait refusé et avait essayé la thérapie par la parole. Mais durant toute la séance, la dame n'avait pas semblé écouter et à la fin de celle-ci, elle n'avait pas souhaité non plus continuer la thérapie. Soupir. Cette dame continuerait à chercher un psychiatre, jusqu'à ce qu'elle ait ses antidépresseurs, il n'y avait aucun doute là-dessus. Elle était devenue dépendante. Iris s'affala sur le fauteuil de son bureau. Ce dernier rendez-vous l'avait épuisé. Soudain l'interphone sonna. Dans la salle d'attente, sa secrétaire prit l'appel puis s'adressa à elle.

"Oui ? Attendez, un instant. Iris ! C'est un homme qui dit vouloir te voir."

"Un homme ? Mais je n'attends personne et j'ai plus de rendez-vous... Dis-lui de s'annoncer." Curieux. Se pourrait-il que ce soit...

"Ca ne répond plus, il n'est plus à l'interphone." lui informa sa secrétaire.

"Alors il doit être monté." lui répondit Iris depuis son bureau. Elle sortit alors de son bureau pour aller vers la salle d'attente où était sa secrétaire. La sonnette de l'appartement retentit.

"Je m'en occupe Felicia." Elle alla vers la porte et l'ouvrit. 

Derrière se trouvait Gaetan, tout sourire.

"Salut Iris ! Je peux entrer ?" Un peu surprise, elle le laissa entrer.

"Euh bien sur. Viens dans mon bureau, ce sera plus confortable pour parler je pense." Elle le conduit à son bureau en passant devant sa secrétaire que Gaetan salua. Elle lui rendit son salut et fit un sourire discret à Iris. Felicia, la secrétaire d'Iris était bien plus que seulement ça, c'était sa meilleure amie. Elles s'étaient connues il y a une dizaine d'années de cela. Lorsqu'Iris avait voulu apprendre à se défendre seule. Elle s'était inscrite à un cours de ninjutsu, elle cherchait un art efficace et le ninjutsu prônait justement l'efficacité en toutes circonstances. C'est là-bas qu'elles s'étaient rencontré. Felicia avait impressionnée Iris avec sa chevelure rousse et le charme sauvage qu'elle dégageait tandis qu'Iris l'avait impressionnée elle, avec ses yeux bleu-gris pleins de volonté ainsi que le cran qui les accompagnait. Ce fut un coup de foudre amical. Une année plus tard, les deux amies étaient déjà inséparables. A présent, cela faisait un an qu'ensemble les deux femmes tenaient un cabinet de psychiâtrie.

Le bureau d'Iris était un bureau relativement grand, organisé plutôt dans la longueur. Ils entrèrent à un bout de la salle. A l'autre bout, il y avait une fenêtre qui donnait sur la rue, le temps était d'ailleurs clair sans pour autant être ensoleillé. Un bureau rectangulaire était installé au milieu de la pièce de manière à ce qu'Iris soit dos à la fenêtre et ses interlocuteurs, face à elle. Des étagères s'alignaient sur le mur gauche tandis qu'une porte se tenait à droite. Malgré les meubles remplis de livres à sa gauche, Gaetan ne put s'empêcher de remarquer que l'endroit faisait très...

".. épuré. Je trouve que c'est très blanc pour un endroit où tu reçois tes clients. Enfin, je veux dire, c'est froid, ça incite pas beaucoup à se confier par exemple, j'aurais choisi quelque chose de plus chaud personnellement."

"Et bien, moi j'ai choisi blanc. Je trouve ça rafraîchissant. En plus, ça n'est pas ici que je consulte, j'ai une autre salle pour ça. Et puis ce sont mes capacités qui font tout, pas la couleur de mon papier-peint."

"C'est vrai, mais c'est toujours un plus, tu ne crois pas ?"

"Mouais.", dubitative, Iris s'asseyait à sa place habituelle en indiquant celle du client à Gaetan. Elle crut entendre quelqu'un l'appeler de loin. Elle ouvrit alors la fenêtre pour vérifier en bas de la rue mais ça ne semblait être personne, et il aurait été difficile de bien repérer la personne depuis le quatrième étage de toute manière.

"Bon alors comme ça on vient faire une visite surprise à sa toute nouvelle cousine ?"

"Et oui : Tu donnais pas de nouvelles, moi non plus et je passais dans le quartier, alors me voilà !" s'exclama t-il. Elle sourit.

"Bon, j'imagine que t'as toujours pas encore quitté ton taxi, hein ?"

"Ehm non. Mais plus le temps passe, moins je sens que je vais rester dans cette voiture... J'ai encore pris un de ces clients particulièrement désagréables. Une vieille femme qui a passé la moitié du trajet à critiquer ma manière de conduire ainsi que mon itinéraire. Oh et en passant elle m'a dit que j'avais <<l'air de manquer d'éducation mais bon, ça c'est comme tous les jeunes basanés de nos jours>>. Une vraie connasse. Je pensais qu'on en voyait que dans les films des comme ça." Iris éclata de rire.

"Hahaha ! Si tu savais... Figure-toi que mon dernier rendez-vous était avec une vieille femme horrible qui n'était là que pour sa dose illégale d'anti-dépresseurs"

"Tu vends illégalement des antidépresseurs ?"

"Non bien sur, c'est pour ça qu'elle a passé une heure et demie sur le sofa avec moi tentant vainement de lui arracher quelques mots en guise de thérapie... Quelle pute." Ils rièrent ensemble. Iris était heureuse de le revoir. Gaetan, ses cheveux bouclés et courts, son visage expressif qui lui rappelait son oncle, sa chemise dont il avait retroussé les manches, ce petit point rouge lumineux qui se baladait sur cette même chemise. Ce petit point rouge ?!

"Euh, Gaetan..." elle pointa lentement du doigt sa chemise. Il baissa la tête sur son vêtement pour regarder et releva un visage paniqué. Des coups de feu résonnèrent. Et Iris ferma les yeux.